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lundi 7 octobre 2013

Partir en hiver



“Et nous avons marché. Le brouillard, boudeur, ne voulait pas se lever, mais il résonnait de trompettes, de cornes et de tambours, et nous avons fini par rencontrer une procession quittant un mariage ou un enterrement, nous avons marché le long des rizières, à travers des forêts hérissées de termitières et peuplées de geais bleus, et au bout de quelques heures sommes arrivés à un fleuve. Des femmes y lavaient du linge, les buffles se baignaient, le courant était fort et large. Linus est resté debout au beau milieu du bras le plus profond, avec de l’eau jusqu’à la taille, des poissons argentés autour de ses jambes, des papillons noirs au-dessus de ses bras tendus en l’air. Et, au moment où je le soulevais pour le porter vers des coins moins profonds, le soleil a percé.”
(Extrait)
Ce qui frappe, chez Tunström, c’est sa parfaite connivence avec les lieux, les gestes, les gens. Dans la mémoire de plusieurs séjours en Inde et au Népal, il semble composer son livre au gré des rencontres, au hasard des interrogations. Mais un impressionnisme subtil ordonne ce récit qui, avec une feinte nonchalance, et à travers une foule de notations, à jamais s’imprègne des visages et des mentalités.


À la fois poète et romancier, Göran Tunström (1937-2000) est considéré comme un écrivain majeur de la littérature suédoise de la fin du xxe siècle. Sa carrière littéraire s'est étendue sur presque quatre décennies, mais il n'a réellement été connu du grand public qu'en 1996, lorsque son œuvreL'Oratorio de Noël (Actes Sud, 1987) a été adaptée au cinéma. Il est reconnu pour son exploration complexe des relations interpersonnelles. On lui doit une vingtaine d'œuvres comprenant des romans, une dizaine de recueils de poésie, des nouvelles ainsi que des témoignages et des pièces radiophoniques.

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