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lundi 31 mai 2010

Passage de Gois,comment marcher sur l'eau !







Passage de Gois


Entre deux terres, une langue

Au goût sablé des marées

Sur une gorge de sel

Couverture des vagues croisées

Manteau bleu d’une mer.

La lune par deux fois

Mange un lit de pierre.



07/2005, Gois

© bertrand desprez, texte & images


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dans quinze jours, ils marcheront sur l'eau, passage de Gois

jeudi 27 mai 2010

Musique en chemin



Souvent une recherche iconographique ressemble à une promenade en forêt. Ici une clairière et les images apparaissent simplement comme une évidence, plus loin en s'enfonçant plus profondément entre les arbres aux racines apparentes, on découvre des trésors oubliés. Puis la nuit ferme ses portes, l'obscurité ralentie les recherches et pourtant sous un amas de branches, faiblement éclairée par une pleine lune insolente, une image se révèle. Ici, pour cette nouvelle promenade au coeur des archives, il est question d'une quête musicale, des sons passionnés, des oreilles à l'écoute du moindre bruit, des silences qui n'en sont pas, des multiples vibrations du corps quand la musique vous caresse. Les touches blanches d'un piano, le bois chaleureux d'un violoncelle, les cuivres puissants ou la cora malienne envoûtante. Brésil, Japon, Afrique, Europe, passerelle des sens, musiques et vibrations des esprits....






lundi 24 mai 2010

La fosse et les balles jaunes


Cela pourrait être une énigme, un titre de roman noir, le début d'un conte. Il fait frais, allongé dans la fosse. Les balles fusent et parfois rentre à l'intérieur, assommant ici et là de jeunes enfants venus contempler des jambes musclées. Au mur, des mains sont dessinées, traces de passages, chasseurs marquant leurs territoires. Les choses se précisent, l'oeil est averti par des cris annonçant la faute, out, let, deuxième service. Non, ce n'est pas un passe-plat d'un restaurant ni une meurtrière d'un bunker. J'arme, je vise et déclenche. Tout va très vite, le corps s'allonge vers l'ouest, la raquette tendue. Elle renvoie la balle servie par son adversaire, 180 km/h, un petit point jaune perdu sur une grande surface de terre battue. Je crois l'avoir capturée, fosses au lions, fosse aux photographes, le coup d'oeil doit être précis. La balle jaune rejoint ses camarades dans les mains de petits ramasseurs orchestrés avec brio. Séréna a gagné.

© bertrand desprez 2010


texte et images © bertrand desprez 2010

jeudi 20 mai 2010

Le fil rouge de Sao Paulo


© bertrand desprez

Les artères étaient bouchées, la pression montait de manière inquiétante et la chaleur devenait étouffante. La ville cherchait son souffle et chacun retenait sa respiration. Les rues devenaient électriques et le sang éclaboussait déjà les murs sans savoir comment arrêter ce flux. La carte indiquait clairement les caillots humains qui se formaient à certain endroit du centre urbain. Deux jeunes filles explosèrent en même temps , arrachant le sac d’un garçon plus jeune qu’elles. La tension montait d’un cran là où on ne l’attendait pas. Les voitures devinrent minuscules, écrasées par la végétation en colère. Le rouge gagnait du terrain, on pouvait voir sa progression sur un plan détaillé, les gens fuyaient le centre-ville pour se cacher mais leur vêtements, teintés de rouge trahissaient la croissance inquiétante de l'envahisseur. Seule la complémentaire pourrait peut être freiner sa conquête. La forêt devait reprendre ses droits, le vert d'une photosynthèse face au sang des villes
texte & images © bertrand desprez

mardi 18 mai 2010

Basho, pour le plaisir des sens



Le Japon me fascine toujours et certainement restera l'énigme de ma vie. Tout est complexe et pourtant si fluide, regardez les haïkus, forme poétique composée de trois vers formés de 5 puis 7 enfin 5 syllabes. On attribue à Basho (1644-1694), la paternité du haïku.


La vie de ce fils de samourai, né près de Kyoto en 1644, fut exclusivement voué à la poésie. Âgé de treize ans, il apprend auprès d’un maître du haïkaï les premiers rudiments de ce genre. Plus tard, après avoir lui-même fondé une école et connu le succès à Edo (l’actuelle Tokyo), il renonce à la vie mondaine, prend l’habit de moine, et s’installe dans son premier ermitage. Devant sa retraite, il plante un bananier, un bashô, offert par l’un de ses disciples - ce qui lui vaudra son pseudonyme. Sa vie est dès lors faite de pauvreté, d’amitiés littéraires et de voyages. Osaka sera le dernier. Après avoir dicté un ultime haïkuà ses disciples éplorés, il cesse de s’alimenter, brûle de l’encens, dicte son testament, demande à ses élèves d’écrire des vers pour lui et de le laisser seul. Il meurt le 28 novembre 1694. Sur sa tombe, on plante un bashô.

Bibliographie : Cent onze haïku de Bashô, Verdier 2002. Traduction de Joan Titus-Carmell

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何の木の
花とはしらず
匂い哉

les fleurs de quel arbre-
impossible de savoir
mais un tel parfum !

nan no ki no
hana towa shirazu
nioi kana

起きよ起きよ
我が友にせん
寝る胡蝶

réveille-toi, réveille-toi
et deviens mon compagnon
papillon qui dort

oki yo oki yo
waga tomo ni sen
neru kochô

さまざまの
事おもひ出す
櫻かな

tant et tant de choses
me reviennent à l'esprit
fleurs de cerisiers !

samazama no
koto omoidasu
sakura kana

稲妻に
さとらぬ人の
とうととさよ

devant un éclair
l’homme qui ne comprend pas
est bien admirable !

inazuma ni
satoranu hito no
tôtosa yo

冬枯や
世は一色に
風の音

désolation hivernale
dans le monde monochrome
le bruit du vent

fuyugare ya
yo wa hito iro ni
kaze no oto


春雨や
蓑吹き返す
川柳

ô pluie du printemps !
un saule caresse
ma cape de voyageur...

haru same ya
mino fuki kaesu
kawa yanagi