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mardi 15 mai 2012

une résidence de photographe au collège Oeben

 Voilà le résultat d'une résidence de photographe soutenue par la DASCO, la MEP et la MGI
J'ai travaillé sur le "jeu du je " dont voici le texte de présentation





L’image comme un je, le jeu des images.

Je,le jeu,le jeu de l’autre ou le Je est un autre.



J’ai toujours apprécié la poésie du réel, les passerelles qui permettent de cultiver nos espaces sensoriels. La photographie, dans sa dimension onirique, sa temporalité suspendue permet d’ouvrir des champs de réflexion ou le jeu du « je » prends toute sa place. Dans une époque difficile, où la notion de partage est essentiel, notre regard sur le monde et notre rapport à l’autre est primordial.
J’ai réalisé deux essais photographiques sur l’adolescence, un à Paris, « Pour quelques étoiles » et l’autre au Japon, « Les quatre saisons ». Beaucoup d’analyses ont été publiées sur cette période intermédiaire de l’existence, une passerelle, une étape, des rites de passage, la quête d’identité, mais surtout un rapport à soi très fort et une confrontation aux autres (parents, amis, amours) tout aussi importante.
Pour cette résidence, j’aimerai abordé la question du portrait, isolé ou en groupe mais aussi de la mise en scène de soi par rapport aux autres, du je et du jeu des rencontres. Travailler les placements, comme le ferait un chorégraphe, penser la lumière et l’espace de partage. Enfin se servir d’autres médium, vidéo pour le mouvement, ou le son, la musique pour créer des POM, petits objets multimédia qui permettent sous une forme courte, comme dans la poésie de raconter des histoires de rencontres.

Deux auteurs radicalement différents mais poètes et artistes peuvent être des pistes de réflexion pour commencer à élaborer le projet. Jouer avec la photographie, comme ces deux auteurs, avec les mots. L’idée serait avant tout de jouer de soi, du jeu de l’autre.


Pérec et la règle du je :

Il faudrait dire je. Il voudrait dire je. Une brève note écrite sur une immense page blanche. C'est le dix novembre mille neuf cent soixante-huit et il n'est pas loin de huit heures du soir. Depuis septembre Georges Perec a fini La Disparition. Dans un grand registre de commerce, il prend des notes, apparemment pour redémarrer un projet de roman en panne depuis deux ans, L'Age. Les mots flottent, semblent plutôt fait pour désigner le blanc qui les entoure, l'étendue du silence qu'ils trouent. Le roman ne sera jamais écrit. C'est le je  qui perce. Dans cette phrase même, le premier il est impersonnel, le second personnel. Timide avancée. Voici la note complète : Il faudrait dire je. Il voudrait dire je / que ses mots déchirent les pages tracent leurs sillons noirs dans la vie même, mots brûlants d'une vertu qui ne s'éteindrait jamais. Quelques pages plus loin, le 26 décembre, un nouveau sillon déchire le papier, six mots écrits au milieu d'une page vide de toute autre écriture : J'émerge. J'existe : je sors.
Dans l'imagination commune, l'autobiographie suppose la liberté. L'idée d'un travail formel, de contraintes de production relativement arbitraires, entre en contradiction avec l'idéologie spontanéiste et référentielle habituellement liée à la pratique du genre. La forme du texte doit être d'une certaine manière dictée par celle de l'objet à décrire. De là vient d'ailleurs le discrédit du genre autobiographique auprès de ceux qui se piquent d'écrire. Ecriture lâche, facile, complaisante, à laquelle on oppose les vertus tonifiantes et productives de l'art. Au seuil des ateliers d'écriture on avertit solennellement : "Vous qui entrez ici, lâchez toute autobiographie". Seule la fiction est capable d'atteindre vraiment la vérité

Rimbaud et Je est un autre

« Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre Voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. - Pardon du jeu de mots.

Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait !
Vous n’êtes pas Enseignant pour moi. Je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C’est de la fantaisie, toujours. - Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni - trop - de la pensée »
La formule est paradoxale et même, semble-t-il, contradictoire puisqu’elle identifie le sujet, le moi, c’est à dire le pôle d’identité de la personne avec son contraire « un autre », indéfini, et étranger.

Il faut évidemment chercher à donner sens à la formule et comprendre qu’elle s’oppose (et donc suppose) une autre conception du sujet, plus simple, où le  je s’apparaît comme responsable de ses actions et où il parle de lui à la première personne en assumant ses décisions.

Quelles sont les manifestations du sujet qui donnent à penser qu’il est essentiellement autre que ce que l’on (ou il ) pensait de lui ?




https://vimeo.com/42202288

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