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vendredi 25 mars 2011

Boxe, une affaire de poing..





Jean Marc Mormeck © bertrand desprez

Mon premier combat, c'était à Levallois pour Libération. Un match où Tiozzo était sorti vainqueur. Je me souviens de Froissart, le journaliste de Libé, conduisant à 150 sur la circulaire de La Défense, un Prost croisé de Loeb, le poing serré sur le levier de vitesse, déjà dans le combat. C'est celà la boxe, une affaire de préparation, de gestion d'influx, de concentration et d'efficacité. Plus tard pour l'Equipe Magazine; j'ai suivi JM Mormeck au camp d'entraînement de Don King. Un concentré de force pure, JMM s'est donné à fond pour conquérir l'Amérique mais aux US, la boxe a perdu son aura, la télévision suit difficilement comme en France, où seule Canal + reste fidèle à sa fibre pugilistique. Lorsque j'emmène mon fils à son entraînement de gymnastique à la halle Ronsard, il y a juste à côté une salle et un ring, saut à la corde, odeur d'huile camphré, coups répétés à l'infini dans les sacs d'entraînement, une cérémonie conçu comme un combat avec soi-même, relevé un défi pour mieux se dépasser. Des règles et une pendule, des rounds et des éponges pour réveiller les esprits ...


Jean Marc Mormeck  © bertrand desprez


Jean Marc Mormeck  © bertrand desprez


JMM © bd

© bertrand desprez

 © bertrand desprez

© bertrand desprez
JMM  © bertrand desprez

JMM © bertrand desprez

JMM  © bertrand desprez

© bertrand desprez
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Bon, tout ça pour dire que le cinéma remonte sur le ring, et oui, après Charlie Chaplin, Scorsese, Clint Eastwood, Stallone, Huston, voici Boxing Gym de Frederick Wiseman et Fighter de David O. Russell.
Désir d'ascension dans la société , la boxe est un combat pour exister dans un monde sans pitié, pour Chaplin le ring devient dansant, ballet des corps en mouvement, Stallone exploite le filon de l'Américan Force et Huston décrypte l'échec qui finit par toucher chaque boxeur, s'arrêter à tant pour que le dernier combat ne se termine pas les bras en croix. 
Ces deux films montrent une Amérique prises dans les cordes...fiction et documentaire, documentaire et fiction, la frontière n'est jamais loin...

Fighter (Affiche)

Boxing Gym (Affiche)


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"Le goût de la boxe" propose une anthologie tout aussi variée, au sein de laquelle nous avons le plaisir de croiser des auteurs comme Joyce Carol Oates, Raymond Queneau, Bertold Brecht, Norman mailer, FX Toole, Jean Cocteau, Ernest Hemingway et bien d'autres figures du panthéon littéraire ainsi qu'un texte de Jack La Motta, qui détrôna Marcel Cerdan 1949. Nous sommes littéralement immergé dans les clubs de boxe, nous entendons rapidement le bruit des  directs et des uppercuts, les cris de la salle, visionnons ces champions du ring, tantôt sermonnés, tantôt encouragés par leur "coach".
Le suspens est d'autant plus fort dans certains cas, que le choix de proposer des extraits intensifie encore plus l'action, d'autant plus qu'il s'agit d'évènements historiques de la boxe, nous faisant croiser des figures légendaires. L'on citera parmi ceux-ci, le texte de Norman Mailer qui fait revivre l'avènement de Cassius Clay (futur Mohammed Ali), la défaite narrée de ses propres mots de Jack LaMotta face à Sugar "Ray" Robinson"... Mais ces personnalités du noble art côtoient également des légendes fictives, créées de toutes pièces par des écrivains mordus de ce sport, sport qui marqua pour certains leur écrit durablement. Ainsi ces petits extraits suscitent la curiosité et donnent justement le goût d'aller plus loin, et de découvrir ces oeuvres de la littérature sportive ou fortement marquée : suivez donc Philip Roth (La Tâche), Ernest Hémingway (Le champion) ou encore FX Toole, auteur de la nouvelle qui inspira le magnifique film de Clint Eastwood Million Dollar Baby...   



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Un ouvrage exceptionnel d'un grand photographe-écrivain, Philippe Bordas, difficile à trouver maintenant :


D’un côté, les Boxeurs du Kenya.
De l’autre, les Lutteurs du Sénégal.
L’Afrique à poings nus : une traversée d’Est en Ouest de l’Afrique au combat.
Un voyage d’images et de mots dans cette Afrique dont on ne parle pas, dans cette Afrique où personne ne va. L’Afrique réelle des banlieues de tôles et des ghettos. Dans ces no man’s land anéantis par la mondialisation, torréfiés par le FMI, survivent les hommes sans terre. Par les protocoles violents de la boxe et de la lutte à poings nus, ces hommes deviennent les héros.
D’un côté, les apprentis boxeurs des bidonvilles géants de Nairobi, exaltés par le fantôme de Mohamed Ali et brûlés par les hautes ascèses du monde blanc que sont la boxe et la mystique chrétienne.
De l’autre, les lutteurs des pauvres banlieues de Dakar, sevrés des paroles magiques des marabouts et du chant des tambours, protégés du monde par le chœur des femmes et les poèmes guerriers nés aux racines du terroir.
Au concerto lugubre des moines-guerriers du Kenya, s’oppose, chœur et danse, l’opéra souverain des lutteurs sénégalais. Sous la métaphore martiale du combat, ce livre dévoile une conformation intime de l’Afrique, sa polarité secrète.
Une traversée d’Est en Ouest de l’Afrique au combat.
Un voyage photographique et poétique aux pays des héros :
- Aux images puissantes de Philippe Bordas, initié à l’Afrique et à la photo dans la fournaise du ghetto, s’agrègent les peintures des boxeurs artistes et les clichés des vieux albums de lutte.

Des photographies très fortes, de nombreux documents (reproductions de lettres des boxeurs, extraits d’albums de lutte…) mais aussi un texte très sensible (Bordas nous livre au fil des pages son journal et ses notes rédigés pendant près de 10 saisons) : L’Afrique à poings nus n’est pas seulement un livre sur la boxe et sur la lutte, mais aussi et surtout un livre sur Publication dans le cadre du Mai du Livre d’Art. 


© philippe Bordas
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De Niro et Scorsese bien sûr, mais également FX Toole, Jack London, voire Morrissey, l'ont mise en scène. Cinéma, littérature, musique, Benjamin Berton revient sur les relations passionnées entre Boxe et arts de la représentation.
Si la boxe a si souvent fasciné les écrivains, les peintres et réalisateurs et donné lieu à de nombreuses représentations, c'est parce qu'elle était plus qu'un sport l'allégorie d'un tas d'autres notions tragiques par excellence : la guerre, la violence, l'héroïsme, la souffrance. La concentration sur le ring de l'énergie de deux hommes, la lutte à mort de deux existences, au travers d'un duel tant physique que mental, telle qu'on peut la voir dans Rocky ou Raging Bull, les deux références cinématographiques du genre, a eu tendance à ramener le genre dramatique qu'est la boxe aux seules scènes de combat.

Quatre Uppercuts de Patrice Lelorain La Table ronde, 134 p., 15 € .
La Légende de Muhammad Ali La Table ronde, « La Petite Vermillon », 208 p., 8,50 €.
« Le Mexicain » roman « social » et sportif de Jack London.
« L’Uppercut » de Brecht
Night Train de Nick Tosches
La foire au muscle » de Pierre Naudin,
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deux grands photographes, très différents mais aimant avant tout le N & B:

 
De Paris à Madrid, de Casablanca à New York, ce Britannique né en Belgique en 1935 a traqué la boxe avec la gourmandise curieuse d'un enfant. En faisant don de son temps, il fait un peu don de lui-même: «Pour montrer une facette de cet univers tragique et désespéré, à l'origine de quelques instants de bonheur pour certains ou d'une véritable aversion pour d'autres.» Cette prise de temps permet à Jimmy Fox d'échapper à l'étreinte cannibale du romantisme de la boxe. Il ne s'en laisse pas compter par les apparences, domine son sujet. Si, au hasard de ses pérégrinations, il lui arrive de saisir les stars, tel Muhammad Ali, Jimmy Fox s'attarde davantage sur les anonymes du ring. De même, à l'aspect spectaculaire de ce sport, le combat, il préfère les à-côtés généralement délaissés, mais qui en disent tellement plus long parfois. Sa sensibilité, la tendresse de son regard, qu'il ne faudrait pas confondre avec une quelconque compassion, fait le reste.
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john vink: http://www.finearttv.tv/fr/fine-art/decouverte/john-vink-boxing-in-cambodia

© John Vink© John Vink
© john Vink
© john Vink
 
La boxe thaï ne l’est pas. Elle est cambodgienne. Elle est née dans les tréfonds de l’histoire khmère, gravée dans la pierre d’Angkor. Sa violence vient en contrepoint de la douceur des gestes et des regards des habitants. Elle rappelle la fulgurante brutalité que peut générer la retenue. L’insécurité repoussant les limites de la douleur physique, les pays pauvres (Cuba, Angola), les milieux défavorisés (le Bronx, les Minguettes) produisent forcément de bons combattants

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Trois rounds pour la paix
de Gilles Favier et Jean-Yves Cauchard
ARTE GEIE / Mano a Mano
France 2002

En dépit du processus de paix engagé, les tensions entre catholiques et protestants demeurent vives en Irlande du Nord. Il est cependant des lieux où, de tout temps, les deux communautés se sont toujours retrouvées, ce sont les salles de boxe.



John, 12 ans, vit à Poleglass, un quartier catholique à l'Ouest de Belfast. Chaque jour il s'entraîne à l'Immacula Gym, une salle vieillotte fondée par un curé. John prépare son premier combat contre un gamin de son age, un certain William Mac Clean, du bastion protestant de Shankill. Pour la première fois, William va franchir la "peace line", le mur de la paix qui sépare quartiers protestants et quartiers catholiques.

Comme le dit David Kelly, pasteur protestant et… spécialiste de boxe du Belfast Télégraph si la boxe est ici une passerelle entre les deux communautés, c'est parce que c'est un sport dur, parce ceux qui le pratiquent mérite le respect.



L'équipe d'ARTE Reportage nous fait découvrir ce Belfast insolite, celui où le temps de quelques rounds, entre catholiques et protestants, on apprend d'abord à se respecter.


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« La photographie produit du temps arrêté » dit Dominique qui traque l'instant suspendu avec la patience de celui qui n'attend rien. Pour le saisir de son objectif, il parcourt visages et lieux d'un regard documentaire aussi pudique que curieux. A l'exact opposé du reportage, ses chroniques colorées assistent la mémoire du souvenir, dont la fuite efface les hommes et leurs traces éphémères. Anthropologue discret, D. Delpoux préfère les gens aux faits. Il en expose la dualité singulière et la singularité plurielle. Au cœur de ses clichés nichent toujours une identité et sa vérité. Les instantanés entrent dans le vif du sujet, sans pathos ni cliché, mais avec infini respect.
(Mathilde Annaud, 2007)


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Depuis sa création, le septième art s'est très souvent intéressé à ce noble sport qu'est la boxe. C'est pour cela que Philippe Durant, historien du cinéma, nous livre aujourd'hui ce très bel ouvrage LA BOXE AU CINÉMA. 285 pages pour tout lire sur l'histoire de cette relation étrange et ambiguë qui unit les gants de boxe aux salles obscures. Alors que l'Oscar 2005 du Meilleur Film a été décerné à Million Dollar Baby dans lequel Clint Eastwood incarne un entraîneur de boxe (sortie en France le 23 mars), Philippe Durant nous livre les clés pour comprendre pourquoi le cinéma et la boxe font aussi bon ménage.






3 commentaires:

  1. merci Maureen, je t'embrasse fort

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  2. Avec cette actualité cinématographique, c'est la bonne période pour se replonger dans le monde de la boxe, je prends donc note de vos conseils de lecture! Merci!

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