Mots plantés , sarclés, binés, retournés. Phrases poussées à la verticales, sorties du terreau cérébral. Couché dans l'herbe, l'homme est terrassé et le lecteur embarqué sur une coque de noix, ballotté par les vagues de souvenirs. Ondes des émotions, la vie sur le fil du rasoir. Empilé, recensé, herbier des terrains vagues pour un final en hommage aux souffles de l'existence.
Merveilleux moments passés au jardin et découverte d'un auteur-poète, déclamant sur scène sa fureur de vivre!
L'AUTEUR
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Je me souviens ainsi de Jean Claude Pirotte, poète et peintre, amoureux du vin et des champs d'orties
Tout cette nouriture de la pensée à déguster avec du conté et un verre de vin d'Arbois rouge .....
Né à Namur (Belgique) en 1939, Jean-Claude Pirotte est poète, romancier et peintre. Il a publié son premier recueil, Goût de cendre, en 1963. Voyageur (Pays-Bas, Italie, France), il n'en est pas moins marqué, comme André Dhôtel qui est sa grande admiration, par les paysages austères des Ardennes, ou par ceux qui leur ressemblent, comme ce Revermont (Le Temps qu'il fait, 2008) du Jura français dans lequel il s'est installé. Passage des ombres, c'est d'abord une poésie modeste, qui se coule dans un vers à forme classique, qui en profite pour chanter, à la manière des chansons populaires. Mais dans " la montagne que j'habite / autour de moi se rassemblent / des voyageurs disparus " : ce sont Toulet, Supervielle, Max Jacob, Grosjean, Frénaud, Cayrol, Follain, Guillevic, Tardieu. Il ne les pastiche pas, il écrit un moment avec eux, comme on ferait un bout du chemin, dans leur atmosphère et dans leurs paysages. Car ce livre est d'abord une flânerie, dans les parages et de la mer, dans les neiges et les brumes des pays du nord, "parmi les grands arbres qui tremblent". On y rencontre "un mendiant sous sa tignasse", la fille du cantonnier, un chien qui dort. Et par-dessous tout cela, un mot qu'on ose à peine prononcer, tant sa fraîcheur est fragile : "Ce serait le mot enfance". Alors, s'il faut inclure un "Art poétique", car la mode l'impose, ce sera en forme de pied de nez à toutes les vaticinations de la modernité : il ne faut pas avoir peur des rimes, elles "n'ont jamais mordu personne". Écrire comme on rêve ? "Ce serait trop beau". Il faut se méfier des prétentions rimbaldiennes : "J'établis mon campement / à l'abri des voleurs de feu". Quant aux mots, il ne s'agit pas comme le voulait Mallarmé de leur donner un sens plus pur, mais au contraire d'espérer et d'attendre humblement "comment les mots les plus simples / dévoilent soudain la lumière". C'est donc dans une conception résolument "démodée" de la poésie que s'installe Jean-Claude Pirotte, celle qui ne prétendait pas changer la vie, mais simplement l'enchanter. Son recueil comporte plusieurs "chansons", et comme une ballade, il s'achève sur un "envoi" : envoi ou renvoi, aux neiges d'antan ou aux signes de l'espace d'aujourd'hui "qui vous parlent tout bas". Et pour le reste, "la beauté comme la misère est soumise / aux folles fureurs des intempéries". (Jean-Yves Debreuille)
Merci de rappeler ces poètes, hors des modes et des "urgences du moment" à notre bon souvenir. J'aime beaucoup Pirotte et vous me donnez envie de découvrir Lucien Suel.
RépondreSupprimerCordialement - Fiolof
Merci pour votre lecture de "Mort d'un jardinier". Très heureux d'être associé à Jean-Claude Pirotte dont "La pluie à Rethel" figure dans mes livres favoris.
RépondreSupprimerAmicalement
LS